DESTINATION RALLYE-RAID EP-04

20 décembre 2024

DESTINATION RALLYE-RAID EP-04

Ils sont passionnés d’off-road, ils ont des parcours très différents mais un point commun : le Rallye-Raid au guidon d’une Ténéré 700. Destination Rallye-Raid est une série d’articles recueillant le témoignages de riders tombés dans la marmite de l’off-road.

EPISODE 4 - L'appel du challenge

Chef d’entreprise de 38 ans à la tête du Groupe Fert Recyclage, Attilio Fert a participé à la Transanatolia 2024 avec le Ténéré Spirit Expérience en catégorie Racing. Retour sur l’expérience et la vision de ce challenger né.

Peux-tu te présenter ?

Je suis à Attilio Fert, je suis président du groupe Fert Recyclage dans la déconstruction de véhicules. Cela consiste à collecter des véhicules accidentés ou en fin de vie, les dépolluer et les démanteler pour valoriser les pièces ou les matières. Nous sommes basés sur 11 sites sur le quart sud-est de la France, sur une surface totale de 25 hectares. Nous sommes plus de 200 collaborateurs, nous avons une trentaine de camions transporteurs de véhicules. Avec 160 000 références de pièces d’occasion en stock, nous expédions entre 75 et 80 000 colis par an.

Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai arrêté l’école assez tôt, parce que ce n’était pas mon truc et que je n’aimais pas ça. Je voulais travailler avec mon père et mon père m’a dit : « Ok, mais la condition, c’est que tu passes par tous les postes ». Et donc, je suis passé par le poste de démonteur-dépollueur, magasinier, vendeur de pièces… J’ai fait un peu d’administration pour savoir ce que c’est, parce qu’il y a une grosse part d’administration dans notre métier. J’ai eu des expériences à l’étranger aussi, pour aller me former et voir autre chose. Ensuite, j’ai commencé à avoir la responsabilité d’un site, puis de deux, puis de plusieurs, puis de tout.

Quel a été ton premier contact avec une moto ?

Mon premier contact avec une moto, c’était je pense pour mes cinq ans, l’anniversaire de mes cinq ans. J’avais eu un PW50.
Je suis monté dessus, j’ai bloqué l’accélérateur à fond et je me suis pris un tronc d’arbre. C’est ça mon premier contact avec la moto (rires).
C’est mon père qui m’a mis sur une moto la première fois. C’est vrai que ça a toujours fait partie de ma vie. Il y a toujours eu des motos à la maison, on a toujours fait de l’enduro entre nous. Et j’ai toujours vu mon père voyager en moto.

Quels sont les sports que tu préfères ?

Les sports d’endurance, les sports où il y a une partie « force mentale » qui va être importante, voire primordiale. Je me suis toujours révélé dans la difficulté. Que ce soit dans le sport ou dans ma vie professionnelle, j’arrive à trouver des solutions quand c’est compliqué. C’est ça qui me plaît dans le rallye : t pars pour une journée de 5, 6 ou 7 heures, parfois. Tu dois prendre en compte le paramètre de la navigation qui fait qu’il faut que tu aies le cerveau bien connecté sinon, tu fais n’importe quoi. Il y a le fait d’allier sa vitesse avec sa capacité à lire le roadbook. Parce que si l’un est plus haut que l’autre, ça ne fonctionne pas.

Quel lien fais-tu entre le Rallye et le fait de diriger une entreprise ?

Le lien entre mon entreprise et mes activités, c’est que je les conduis, les motos. Je les conduis pour mon plaisir, en loisir pour des voyages et aussi en compétition, dans des situations un peu plus extrêmes. Donc, je pratique la matière de mon métier.
C’est un métier qui n’est pas évident, dans lequel il y a beaucoup de paramètres, pour lequel il faut être très agile et être fort pour emmener tout le monde. Tu dois faire des efforts longs, en rallye comme dans une entreprise, il y a beaucoup de paramètres qui font que ça peut fonctionner ou que ça peut s’arrêter.
Quand on est chef d’entreprise, on doit donner un cap, ce parallèle est assez évident. C’est un travail d’endurance, c’est un véritable marathon pour diriger une entreprise et essayer de la faire grandir.
Le fait de devoir être résistant, c’est un truc qui me plaît. Et le fait de retrouver de la bienveillance aussi.
Il y a beaucoup de fraternité dans le rallye. Quelque part, on avance ensemble, un rallye, ça ne se fait pas tout seul. Quant tu as ton équipe, c’est le travail de l’équipe sur la moto et aux côtés du pilote qui font que le pilote va performer dans ses propres limites ou pas.
Et il y a un truc qui m’a beaucoup impressionné avec les équipes de Marc Bourgeois, c’est quelque chose qui me plaît beaucoup parce que j’essaye de le transmettre et de le faire appliquer dans mon entreprise. Ce sont les décisions collégiales, l’intelligence partagée et mise en commun. Il y a eu plein d’exemples comme ça où j’ai vu les équipes de chez Yamaha et du Ténéré Spirit Expérience se concerter, se mettre ensemble, réfléchir et décider, s’attribuer les tâches à chacun et ensuite avancer de manière hyper efficace et productive, tout en prenant l’avis de chacun et en prenant le temps de s’écouter. C’est super chouette et ça renforce ma conviction de mettre ça dans les process de ma boîte.

Quand a eu lieu ta première compétition moto ?

Ma première compétition, elle a eu lieu en 2022. C’est un copain qui m’a dit « Tiens, ça te dirait d’essayer le rallye ? » Et ce copain m’a inscrit à un rallye en Sardaigne, un petit rallye qui s’appelle le Swank Rally. C’était ma première compétition en moto de toute ma vie.
Ce qui m’a accroché, c’est toute la préparation de la moto, parce qu’une moto de rallye, c’est vraiment spécifique. Ma préparation physique aussi, et puis l’apprentissage de la navigation avec un roadbook. J’ai découvert un nouveau monde, entre les pilotes, les gens ne se regardent pas de travers, il y a beaucoup de bienveillance, il y a vraiment de l’entraide. Sportivement, physiquement, c’est engageant, et ça, ça me plaît aussi.

A quels Rallyes as-tu participé ?

Le Swank Rallye en 2022. Le Hellas Rally en 2023. Ensuite, j’ai participé à l’Africa Eco Race en 2024. Ensuite, j’ai fait le Morocco Desert Challenge en avril 2024. J’ai refait le Hellas Rally en 2024. C’est là d’ailleurs où j’ai eu un gros crash. Je ne savais pas si je serais prêt pour refaire un rallye à temps. C’est là que Marc m’a dit : « Écoute, remets-toi d’aplomb, je te garde une place, et si tu es prêt, tu fais la Transanatolia avec moi. » Du coup, le dernier rallye, ça a été la Transanatolia.

Qu’est-ce que t’a apporté le Ténéré Spirit Expérience pendant la Transanatolia ?

Avec l’équipe Yamaha, on va plus dans le détail, il y a plus de soutien pour le pilote, et on peut vraiment se concentrer sur monter sur sa moto, faire sa course, et ensuite manger, dormir.
Il y a quand même un gap entre une équipe d’assistance qu’on dirait « amateur » et une équipe d’assistance comme pour le Ténéré Spirit Expérience, où il y a vraiment des professionnels qui sont là au service des pilotes. Le matin, avant que tu partes, les mécanos vont te mettre juste l’essence dont tu as besoin pour faire ta spéciale, donc tu as une moto plus légère pratiquement tout le temps.
Entre les spéciales, il y a un camion d’assistance Yamaha qui t’attend : tu arrives, et c’est un peu comme quand pour un pilote de Formule 1, tu arrives, la moto est mise sur un pied tout de suite, tout est checké, s’il y a eu une casse, elle est réparée, on nettoie ton masque, on te donne à manger si tu as faim, tu repars et c’est trop bien.
C’est plein de petites choses qui font une grosse différence dans l’expérience parce que c’est super confortable. Tout est fait pour que tu n’aies pas de pensées parasites. Avec l’équipe Ténéré Spirit Expérience, tout est marqué sur un petit papier, tu as plein d’infos, ton heure de départ, la durée des spéciales, la durée des liaisons, à quel endroit on va te retrouver, et ça change tout !

Est-ce que tu as apprécié les conseils et le management ?

Moi, de toutes façons, j’ai une nature à écouter et à prendre l’expérience des gens.
Mais oui, ça t’apporte beaucoup. En fait, Marc a beaucoup d’expérience dans ce milieu, celui de la compétition et dans le rallye, et il a une certaine sensibilité avec les personnes, il va avoir des mots mesurés et assez bien calculés, assez brefs, et ça marche vachement bien avec moi. Il va te donner un conseil, par exemple, sur ta journée où il voit que tu peux potentiellement te tirer la bourre avec ton coéquipier, et il va te dire : « Aujourd’hui, cool, ok vous vous bagarrez, mais n’allez pas vous mettre dans un trou ! » Il donne aussi beaucoup de conseils sur comment piloter cette moto. C’est une grosse moto, hyper performante, mais qui nécessite d’adapter son pilotage. Il a été d’une grande aide pour ça aussi.

Comment gères-tu le facteur risque ?

Il y a deux objectifs lorsque je participe à un rallye : c’est bien sûr d’aller au bout mais aussi de performer dans mes propres limites.
Le facteur risque, je l’aborde par ma préparation physique. Je suis quelqu’un d’assez sportif et j’aime bien faire ça. Je pense qu’en plus, dans cette discipline, si tu n’es pas en forme, tu prends des risques en fait, parce que tu vas manquer de lucidité, tu vas potentiellement louper une note dans ta navigation, louper un danger, et ça peut faire mal. Lorsque je me suis mis au rallye, je suis allé apprendre les bases du pilotage pour rouler en sécurité. Côté matériel, il faut partir avec une moto dans un état irréprochable et avec une équipe qui va faire en sorte que tous les matins, tu puisses repartir avec une moto, sur laquelle tout est visé, une moto pratiquemen neuve. La prépa physique, l’apprentissage du pilotage et avoir du matériel qui soit d’aplomb et un airbag bien sûr !.

Est-ce que la Ténéré 700 a été un atout ?

Dans la globalité de la course, ça a plutôt été un atout parce que c’était quand même des pistes assez roulantes et qui se prêtaient bien au gabarit de la Ténéré 700. Je pense que l’atout aussi, c’est que c’est une moto « d’usine », avec des pièces qui en font une moto performante. Grâce aux suspensions, aux freins, à la préparation moteur… Après, dans des parties peut-être plus sinueuses, plus cassantes, on serait mieux avec une 450, forcément. Mais pour moi, elle a plutôt été un atout sur la Transanatolia, oui.

Que penses-tu des améliorations apportées par les pièces GYTR ?

La différence entre une Ténéré « stock » et une Ténéré World Raid avec les pièces GYTR, c’est que ce sont deux mondes différents. Le poste de pilotage va plus ou moins être le même, mais le comportement de la moto est complètement différent parce que la Ténéré 700 GYTR, grâce à ses suspensions, peut absorber des chocs et passer la puissance au sol d’une manière bien supérieure à une Ténéré « stock ». C’est pareil pour les freins : sur la Transanatolia, on avait des gros passages de cols assez hauts en montagne, avec des descentes qui suivaient derrière. Je pense qu’avec les freins d’origine, ça ne fonctionnerait pas. On serait venus au bout des freins et à un moment donné, ça aurait coincé.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui souhaitent participer à un Rallye en catégorie Racing ?

Bien se préparer physiquement, se former sur la navigation, rouler et pratiquer la moto dans plein de configurations d’environnement possibles et imaginables. Si on associe ces trois éléments, je pense qu’on est bon.